CAUSSE Jean-Pierre - 1946 s
CAUSSE (Jean-Pierre), né le 4 octobre 1926 à Montpellier (Hérault), décédé le 10 mars 2018 à Paris (14e). – Promotion de 1946 s.
Jean-Pierre Causse, chercheur, entrepreneur, dirigeant de recherche industrielle.
Jean-Pierre Causse a eu trois phases dans sa carrière . La plupart d’entre nous en connaissent le troisième temps, le plus récent, son rôle de directeur de la recherche à Saint- Gobain, son impact au Cadas (Conseil des applications de l’Académie des sciences) puis dans l’Académie des techno- logies dont il a été l’un des fondateurs, son rôle dans les politiques de recherche en France, comme membre des différents comités de la recherche, comme conseiller de ministre, comme conseiller pour une tentative de politique de matériaux en France . Cela n’est pourtant que sa troisième carrière, car il n’est entré chez Saint-Gobain qu’à 48 ans, ayant eu deux carrières tout à fait différentes auparavant .
Jacques Blamont, dans sa contribution, nous raconte sa jeunesse et sa seconde carrière dans la création et l’essor de la politique spatiale en France . Nous décrivons ici sa première et sa troisième carrière, la première comme ingénieur de recherche en développement et industrialisation de photomultiplicateurs, et la troisième comme directeur de la recherche à Saint-Gobain .
À sa sortie de l’ENS en 1950, il est envoyé en stage chez Schlumberger aux États- Unis . Il y prend goût à la recherche appliquée . Il fait ensuite son service militaire chez le professeur Lallemand à l’observatoire de Paris pour développer des détecteurs de lumière ultrasensibles, les photomultiplicateurs pour l’observation astronomique, au foyer des téléscopes . À la fin de son service militaire chez Lallemand, Schlumberger reprend contact avec lui pour qu’il y développe un photomultiplicateur fonctionnant dans l’ultraviolet et résistant aux hautes températures, 150° C au moins, à utiliser dans les forages pétroliers . Il s’agit de mesurer la radioactivité naturelle des roches pour prévoir la possibilité de présence de réserves pétrolières ou gazières : suivant qu’il s’agit d’argiles ou de calcaires la radioactivité est différente . Seules les argiles, imper- méables, peuvent éventuellement mener à des poches pétrolifères . Leur radioactivité naturelle spécifique est révélée par la scintillation lumineuse induite par leurs rayon- nements radioactifs dans un matériau scintillateur . On doit détecter de manière parfaite la scintillation par le photomultiplicateur pour avoir une sensibilité ultime pour analyser les roches du forage . Mais les photomultiplicateurs habituels perdent leur performance de détection de lumière au-dessus de 40-50 °C . Jean-Pierre Causse arrive à mettre au point des photomultiplicateurs fonctionnant à haute température à l’observatoire de Paris et part en 1955 aux États-Unis pour développer et produire ces photomultiplicateurs, en créant une spin off chez Schlumberger pour une production interne . La démonstration du bon fonctionnement dans un forage pétrolier arrive à point nommé, le 4 octobre 1957, date de lancement du Spoutnik .
Tout en produisant les photomultiplicateurs dont a besoin Schlumberger, il passe alors à un autre domaine d’applications de ses photomultiplicateurs qui va le faire entrer dans un tout autre domaine, passant de la prospection du sous-sol à l’espace : cela commence par un développement rapide d’un nouveau type de photomultipli- cateur pour être utilisé dans l’ultraviolet lointain produit par le soleil, jusqu’alors inaccessible à cause de l’absorption par l’atmosphère terrestre . Il sera utilisé dès le début de l’ère spatiale dans les tout premiers satellites d’observation de la terre et du soleil . Jean-Pierre Causse devient ainsi sous-traitant de la conquête de l’espace à ses balbutiements, acquérant au bon endroit la connaissance des techniques, des contraintes de la mise en orbite de systèmes qui doivent fonctionner à coup sûr, de la conduite des programmes et, aussi, de tous les pionniers de la conquête spatiale . Comme il le dit lui-même, il était le grand spécialiste d’un tout petit composant spatial, et il est très tenté de s’essayer aux systèmes complets . Cela le rend quasi incon- tournable lors de la création de l’organisme chargé de l’espace en France, le Cnes . Après avoir pris de plus en plus de responsabilités grâce à ses succès, on le voit passer au niveau européen : là, la situation devenant critique à force d’échecs, il est chargé de rédiger en 1967 un audit historique en forme de programme . La réception en est chaotique suivant les pays, mais il devient chargé de diverses missions, définies dans son rapport . À la suite du succès du programme Apollo, il doit définir la contribu- tion de l’Europe à la navette spatiale . Il sera alors chargé de Spacelab, contribution européenne à la navette spatiale . Il se retrouve ainsi de ce fait en « apesanteur », sans place au Cnes et à la merci de décisions politiques multinationales s’il reste dans les instances spatiales européennes . Il décide alors, à 48 ans, de changer complètement et triplement de métier, passe dans l’industrie, devient directeur de R&D, entre dans une industrie « traditionnelle », celle des matériaux chez Saint-Gobain .
Jean-Pierre passe alors 15 ans, de 1974 à 1989, dans le Groupe Saint-Gobain comme directeur général adjoint chargé de la recherche . Lorsqu’il arrive, l’un des seuls norma- liens au milieu de nombreux polytechniciens, il décide de donner un souffle nouveau à la recherche de ce groupe industriel qui, suite à la fusion en 1970 entre la compagnie de Saint-Gobain, entreprise verrière créée par Colbert et la société Pont-à-Mousson qui fabrique des tuyaux de fonte, compte alors environ 50 000 personnes –principa- lement en Europe, aux États-Unis et au Brésil . Il demande alors à Robert Chabbal, entouré d’un petit groupe de personnes, de visiter les centres de recherche du Groupe et de lui faire des propositions d’amélioration . Ces propositions, qui seront largement suivies par Jean-Pierre sont principalement de deux natures : tout d’abord mettre en œuvre un ambitieux plan de recrutement de jeunes chercheurs, étalé sur quelques années et qui devait pratiquement doubler les effectifs de la recherche du Groupe . Ce plan sera suivi pour l’essentiel mais à un niveau un peu réduit . Néanmoins la qualité des personnes recrutées dans ce contexte jouera un rôle décisif pour de nombreuses années . Par ailleurs, le groupe de Chabbal propose un mécanisme de financement de la recherche tout à fait original : il s’agit d’un GIE (Groupement d’intérêt économique) auquel chaque branche industrielle doit apporter un quota décidé arbitrairement par le président du Groupe et qui représente environ 25 % de l’effort total de R&D du Groupe . C’est ensuite dans le cadre d’un dialogue avec les responsables de la recherche des diverses branches, que cet argent revient à des projets qui sont exécutés soit dans un laboratoire central (situé à Aubervilliers et dont Jean-Pierre est le président), soit dans l’un des laboratoires des branches elles-mêmes . Jean-Pierre a immédiatement mis en place ce système qui, grâce à l’appui qu’il avait auprès du président du Groupe (Roger Martin, puis Roger Fauroux 1947 l), s’avère être l’un des dispositifs de finance- ment et d’exécution de la recherche les plus efficaces des groupes industriels français . Entre 1979 et 1982 Saint-Gobain se diversifie vers l’informatique en rachetant Bull puis Olivetti . Jean-Pierre recrute pour suivre cette activité, mal connue, des cadres de Saint-Gobain dont l’un d’entre nous, Claude Weisbuch (1966 s) . Celui-ci quittera le Groupe lorsque le gouvernement obligera Saint-Gobain, nationalisé en 1982, à se séparer de cette activité .
Au cours de ces quinze ans passés à Saint-Gobain, Jean-Pierre a fait preuve comme à son habitude d’une extrême clairvoyance mais aussi d’une très grande fermeté dans ses convictions . Parfois un peu rude, voire direct et brutal, il était cependant très apprécié des chercheurs qui savaient à quel point il était leur meilleur défenseur auprès des directeurs opérationnels qui ne pensaient le plus souvent qu’à serrer les boulons donc à diminuer les dépenses de recherche . L’appui sans faille de Roger Fauroux lui permettra toujours d’imposer ses vues... non sans heurts parfois : à mon arrivée à Saint-Gobain pour lui succéder en 1988, je (Jean-Claude Lehmann) me souviens avoir rencontré l’un des directeurs généraux les plus puissants du groupe qui me dit, avec encore des tremblements dans la voix : « Vous vous rendez compte, Causse m’a une fois traité de con d’industriel ! » . Ça, c’était Jean-Pierre . Lorsqu’il a pris sa retraite en 1989, Jean-Louis Beffa, devenu président du Groupe a continué à lui demander de temps à autre son avis .
En 1987 Jean-Pierre devient vice-président du Conseil supérieur de la recherche, dont le président est formellement le ministre de la recherche . Il s’agit alors de Jacques Valade avec lequel Jean-Pierre est très lié . Dans ce cadre il joue un rôle important sur la politique d’ensemble de la recherche française .
Enfin on ne peut pas oublier le rôle important que Jean-Pierre Causse a joué dans la mise en place en 2000 de l’Académie des technologies . Membre du Cadas, le Comité des applications de l’Académie des sciences, il s’est beaucoup impliqué dans la rédaction des statuts de cette nouvelle académie, issue du Cadas . Il a d’ailleurs participé aux réunions de l’Académie jusqu’à ses derniers jours, ne manquant jamais de faire une remarque utile et originale, même en grognant un peu comme à son habitude . C’est comme cela que nous l’aimions .
Jean-Claude LEHMANN (1959 s)
Claude WEISBUCH (1966 s)
Jean-Pierre Causse, par Jacques Blamont, cimetière du Montparnasse – 16/03/2018
Chers tous,
Je vous parle en tant que membre d’honneur de la tribu Causse, frère adoptif de son aîné Jean-Pierre et ami éternel .
Il est le produit d’une famille unie et heureuse, montpelliéraine comme on n’en fait plus . Son père Eugène était le modèle de l’honnête homme à la française, érudit, amateur du siècle des lumières qui lui avait inspiré de donner à son fils aîné le prénom porte-drapeau de Candide . Sa mère Madeleine figurait le prototype même de l’ado- rable chef de famille . La chaleur du domicile qu’elle animait a donné à Jean-Pierre une armature rigoureuse de parfait citoyen . Et ajoutons, pour colorer son comporte- ment Vieille France, le jardin sur le rempart, avec ses platanes au second étage de la rue de l’École de Médecine et sa vue sur la cathédrale . On montait dans l’obscurité des marches et on se retrouvait sous des grands arbres . C’était bien là l’exemple du paradoxe Causse .
Enfance protégée grâce au succès de son père dans son beau métier d’imprimeur, entre le jardin suspendu en ville et l’antique maison familiale des Aressy au bord de l’Hérault à Agde . Excellentes études au lycée abrité dans le vieux collège des Jésuites, conservateur des traditions classiques, du travail sérieux, de la discipline et de l’amour du grec et du latin mariés aux sciences (Jean-Pierre est le meilleur élève en mathématiques) .
À la rentrée d’octobre 1941, exilé de Paris, je me trouvai à la porte de ce lycée, place Notre-Dame des Tables . Ne trouvant pas mon nom sur la liste des deux classes de première A, j’allai trouver le censeur, monsieur Vabre . Il découvrit que j’avais été oublié . Alors se produisit l’événement qui devait décider de la vie de Jean-Pierre et de la mienne . J’observai, en m’en rendant parfaitement compte, le censeur, assis, qui considérait les deux listes A1 et A2 posées sur le bureau devant lui . La plume dans sa main droite oscilla lentement, pointant vers une feuille puis vers une autre pendant plusieurs secondes, puis à la fin de ce loisir donné au hasard, il se décida et m’ins- crivit en première A2 . C’est ainsi que je suis devenu le condisciple de Jean-Pierre et membre de la tribu .
Nous avons l’un et l’autre conservé un souvenir heureux de cette année malgré la menace du pétainisme qui s’abattit sur notre classe par l’expulsion d’un élève porteur d’un tract gaulliste . Heureux, car nos esprits étaient illuminés par le cours du profes- seur de français-latin-grec Jean Sollier . Il nous fit lire et expliquer trois textes qui ont forgé notre attitude envers la société et fixé notre comportement : l’Apologie de Socrate, Antigone et la Première Philippique . Combien de fois nous sommes-nous référés dans notre vie ultérieure à cet enseignement sans concessions .
Parti pour l’Angleterre en novembre 1942, je n’ai revu Jean-Pierre que deux ans plus tard, dans une France que la Libération avait changée . Il avait eu l’intelligence de s’inscrire dans la classe préparatoire au concours de l’École normale supérieure, dite NSE (Normale sciences expérimentales) au lycée Saint-Louis à Paris . Mon père était alors secrétaire général de l’Assemblée consultative provisoire, logé au Palais Bourbon où Jean-Pierre venait déjeuner chez nous tous les dimanches . Dans sa lettre d’adieu, il m’écrit gentiment que ce soutien moral a contribué de façon décisive à son succès au concours de 1946 . Après le déjeuner, nous allions au concert donné par la Société des instruments à vent sous la direction du basson Fernand Oubradous, car nous communiions dans l’affection pour la musique classique .
Admirant son parcours, je me suis inscrit à mon tour en NSE et l’ai rejoint rue d’Ulm un peu plus tard . Nous nous devons donc mutuellement cette réussite qui a déterminé notre future action .
À l’École, Jean-Pierre est tombé sous l’influence bénéfique d’Yves Rocard (1922 s), directeur du laboratoire de Physique . Suivant ses conseils, Jean-Pierre a décidé de quitter, après l’agrégation, l’enseignement supérieur pour la recherche industrielle . Un séjour à l’observatoire de Paris dans le laboratoire d’André Lallemand l’a initié à sa technique des photomultiplicateurs ; grâce à Rocard et Lallemand, Jean-Pierre est entré chez Schlumberger dans leur laboratoire de Ridgefield (Connecticut) en 1954 . Il y acquit la réputation d’un excellent ingénieur et on lui a confié la direction de leur établissement sis à Princeton, Electromechanical Research, où il a entre autres développé la fabrication en masse des photomultiplicateurs, instruments essentiels
dans la recherche du pétrole .
C’est à la fin de 1961 que je suis tombé chez lui à Princeton comme une bombe et
lui ai déclaré « Nous allons faire la Nasa française . Veux-tu en être ? » J’avais en effet été choisi comme directeur scientifique et technique d’un nouvel établissement créé par le général de Gaulle pour accompagner sa décision de mettre au point un lanceur de satellites, le Diamant . L’établissement qui n’existait pas encore s’appellerait le Cnes, Centre national d’Études spatiales . Études spatiales, mais il ne s’agissait dans l’esprit de ses fondateurs que d’un petit bureau d’études dépourvu de moyens . Ces messieurs avaient confié le lanceur et les satellites à une organisation créée ad hoc, la Sereb et le tir aux militaires du polygone de Colomb-Béchar . Au Cnes il ne restait rien : c’est que nos chefs ne nous croyaient pas capables de produire autre chose que du papier .
En mai 1962, le Cnes comptait vingt-deux personnes dont seulement trois tech- niciens y compris moi . J’emmenai le directeur général Aubinière à Washington pour négocier notre partenariat avec la Nasa mais en fait pour introduire Aubinière à la communauté scientifique et spatiale . J’en profitai pour lui présenter deux de mes amis résidant alors aux États-Unis : Jean-Pierre et un autre normalien en stage à l’ambassade de France, Pierre Morel . Pendant la matinée entière d’un dimanche, Aubinière, Jean-Pierre, Morel et moi inventèrent le Cnes en tournant autour du bassin qui orne le Lincoln Memorial . Rentrés à l’hôtel, Aubinière me dit : « Morel est bien mais Causse est extraordinaire . C’est l’homme qu’il nous faut » et, désor- mais, il resta persuadé que nous pouvions construire rapidement une agence de choc en recrutant les produits de l’enseignement français, normaliens, polytechniciens ou autres, transformés si possible par un séjour aux États-Unis . La direction technique du Cnes décida dès sa naissance de définir son destin et d’élaborer elle-même la stra- tégie spatiale du pays . Nous ferions de tout ce qui touche à l’orbite notre domaine réservé .
Morel et Causse arrivèrent au Cnes à la fin de 1962 et formèrent l’armature de la Direction . Entre autres actions, Jean-Pierre fut chargé des satellites, objets incon- nus que nous devions maîtriser . Il mena simultanément deux projets : l’un, Fr-1 serait lancé par Nasa et devrait donc être au niveau de la technologie internationale . L’autre serait lancé par Diamant et servirait de guide à la future industrie française à construire ex nihilo . À un exposé que je lui présentai sur notre programme de travail, le président du Cnes, Jean Coulomb, les yeux exorbités déclara avec agita- tion : « Tout ça ! Tout ça que vous voulez faire ! Mais vous n’y arriverez jamais ! » Telle était l’attitude de nos chefs mais aussi de tous ceux qui entouraient le Cnes, le scepticisme universel devant une mission impossible .
Eh bien si, tout ça nous l’avons fait et même bien davantage . Une quinzaine de jeunes ingénieurs, qu’après avoir embauchés nous envoyons se former chacun six mois au Centre Goddard de la Nasa à Baltimore sous la direction de Jean-Pierre, devient la seule équipe d’Europe spécialisée en technique spatiale . En décembre 1965, c’est le grand succès de FR-1 lancé par la Nasa à la base de Vandenberg, suivi en février 1966 par celui du satellite Diamant baptisé Diapason par Jean-Pierre . La compétence technique obtenue par le Cnes et sa réputation amènent ce que nous recherchions, sa transformation de bureau d’études en véritable agence spatiale . Nous nous voyons confier successivement les opérations de tir grâce à la création du Centre Spatial de Guyane, puis la responsabilité de développer le lanceur Diamant BP4 qui succède au petit Diamant . Nous nous réorganisons pour faire face à ces nouvelles tâches . Jean-Pierre devient le directeur du Centre Spatial de Brétigny qui a beaucoup grandi .
En 1967, les autorités européennes le chargent de mener une réflexion qui sera le Rapport Causse définissant les nouveaux axes de la politique spatiale européenne . Ce seront Ariane et l’Agence Spatiale Européenne . Sic itur ad astra .
Les sept années de Brétigny sont nos heures de gloire, le sommet de notre vie . J’ai dit à l’époque que le Cnes était un temple bâti à l’amitié . De notre exploit historique découlent des conséquences qui nous dépassent et se réverbèrent encore aujourd’hui, l’existence et le succès de l’espace européen, entraînés par l’exemple de l’Agence française . Mais de tout sommet chacun doit descendre . Le gouvernement décide en 1969 de décentraliser le Cnes à Toulouse . Le Centre Spatial de Brétigny est fermé . La plupart des équipes quittent le Cnes qu’il faudra recréer sur de nouvelles bases . Jean-Pierre, après un bref passage à l’Eldo, l’Agence européenne de dévelop- pement de lanceurs qui est fermée à son tour, s’engage dans une nouvelle carrière : il devient directeur général adjoint de Saint-Gobain pour la Recherche, en charge d’une quantité de laboratoires . Il y réussira bien sûr, deviendra membre du Comité de l’Académie des Sciences pour les Applications, transformé en 2000 en Académie des Technologies . Il y jouera un rôle éminent .
Son intelligence, sa culture, son énergie, son aptitude au commandement des hommes et à la gestion des projets le classent au premier rang de ceux qui, après la guerre, ont refait la France et lui ont rendu son rang mondial . Il n’y a pas de plus belle et plus honorable manière de réussir une vie . Bravo et merci, Jean-Pierre .
Jacques BLAMONT (1948 s)