VIALLANEIX Paul - 1946 l

VIALLANEIX (Paul), né le 4 juillet 1925 à Gumont (Corrèze), décédé le 3 août 2018 à Tulle (Corrèze). – Promotion de 1946 l.


Il était le fils unique d’un couple d’instituteurs, issus d’une famille d’artisans et nommés successivement dans plusieurs localités du département . Paul Viallaneix effec- tua ses études primaires au gré des nominations de ses parents, à Peyrolle, à Chanac dans le Cantal, puis il pour- suivit ses études secondaires au lycée de Tulle . Bachelier en 1942, il s’inscrivit en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand . C’était le temps de la Résistance, et il interrompit ses études pour rejoindre le maquis en Corrèze, de novembre 1943 à septembre 1944 . Reprenant ses études en khâgne, il intégra en 1946 l’École normale supérieure où il eut notamment pour condisciples Jean Ehrard, Michel Foucault, Jacques Le Goff, Robert Mauzi . Reçu à l’agrégation des lettres en 1949, il passa une année à la Fondation Thiers, avant d’être assistant à la Sorbonne de 1950 à 1952, puis à l’université de Clermont . À l’École, il avait consacré son mémoire d’études supé- rieures à « l’idée de peuple dans la pensée de Michelet » sous la direction de Maurice Levaillant (1902 l) . Poursuivant dans la même voie, il prépara, sous la direction de René Jasinski (1919 l), et soutint à la Sorbonne une thèse sur le même sujet, éditée chez Delagrave sous le titre La voie royale, avec l’autorisation d’André Malraux . Sa thèse secondaire était une édition commentée des Écrits de jeunesse de Michelet . Nommé maître de conférences, puis professeur à la faculté des lettres de l’université de Clermont-Ferrand, où il dirigea longtemps l’Institut de littérature française, il y effectua toute sa carrière, tout en donnant pendant plusieurs années des cours sur les auteurs d’agrégation à l’École .

À Clermont, Paul Viallaneix poursuivit ses travaux sur Michelet, sur lequel il publia de très nombreux articles, un livre Michelet, les travaux et les jours (Gallimard, 1998) et dont il édita plusieurs écrits (Journal, La Mer, Le Peuple, Jeanne d’Arc, La Sorcière, Cours au Collège de France, Tableau de la France) . Chez l’éditeur Flammarion, il en dirigea la publication des Œuvres complètes (40 volumes parus) .

Chercheur fécond et passionné, il créa à Clermont en 1968, en collaboration avec Jean Ehrard et Albert Soboul, le Centre de recherches révolutionnaires et roman- tiques, où furent organisés de nombreux et importants colloques internationaux ; notamment (entre autres) Le Préromantisme, hypothèse ou hypothèque (1972), Les Fêtes de la Révolution (1974), Edgar Quinet, ce juif errant (1975), Aimer en France (1977), Nos ancêtres les Gaulois (1980), La Bataille, l’Armée, la Gloire (1983), La Légende de la Révolution (1986)... En tant que secrétaire général des Études romantiques, il a dirigé et animé la revue Romantisme, où il a lui-même publié de multiples articles .

Paul Viallaneix est aussi l’auteur d’un ouvrage sur Alfred de Vigny dans la collec- tion « Les écrivains par eux-mêmes » (Seuil, 1984) et il a publié les Œuvres complètes de Vigny aux éditions du Seuil . Il s’est intéressé également, voire consacré, à Albert Camus sur lequel il a publié Le premier Camus suivi d’Écrits de jeunesse (Cahier Camus n° 2, Gallimard, 1973) et pour lequel il a fondé à Clermont un Centre Albert-Camus . Curieux de la poésie du xxe siècle, il a aussi publié un ouvrage sur Jules Supervielle : Le hors-venu, ou le personnage poétique de Supervielle (Klincksieck, 1972) .

Professeur et critique de renommé internationale, il a passé plusieurs mois en Angleterre, à la fin de sa carrière, en qualité de fellow au Churchill College de Cambridge et au St Anthony’s College d’Oxford . En 1999, il a été décoré de la Légion d’Honneur .

Né de parents non-pratiquants, il a personnellement adhéré à la religion réformée au sein de laquelle il a exercé, après sa retraite, d’importantes fonctions . Participant au Conseil régional, puis au Conseil national de l’Église protestante, il a participé aux assemblées du Désert et a dirigé, de 1985 à 1993, l’hebdomadaire Réforme, où il a publié de nombreux éditoriaux .

En 2005, il eut le chagrin de perdre son épouse, Nelly, elle-même fervente protes- tante, et qui fut longtemps professeur de philosophie, spécialiste de Kierkegaard, à l’École normale d’Instituteurs, puis à la faculté des lettres de Clermont . Il partagea ses dernières années entre son domicile parisien et sa maison de Seilhac, dans cette Corrèze à laquelle il était demeuré profondément attaché, jusqu’à ce que la maladie le contraigne à demeurer à l’hôpital où il finit ses jours .

À tous ses collègues, étudiants et amis, Paul Viallaneix laissera le souvenir non seulement d’un savant qui contribua fortement à l’approfondissement et à l’essor des études romantiques, mais aussi d’un homme sensible et attachant, toujours affable et souriant, qui fit honneur à l’Université et à toutes les institutions dont il a été un membre actif et de renommée internationale .

Jean EHRAD (1946 l) et Michel LIOURE (1954 l)
Un colloque sera organisé fin février 2019 à l’École en son honneur. L’Archicube en rendra évidemment compte.