ETTINGER Henry - 1962 s
ETTINGER (Henry), né le 30 décembre 1943 à Grenoble (Isère), décédé le 1er janvier 2015 à Grenoble (Isère). – Promotion de 1962 s.
Après une math sup . au lycée Champollion à Grenoble et une math spé . au lycée Janson-de-Sailly à Paris, Henry Ettinger intègre l’École normale supérieure en 1962 . Il en sortira en 1966, agrégé de physique et titulaire d’un DEA de physique théorique et nucléaire, obtenu à Orsay en 1965 . Dès sa sortie de l’École, il rejoint Grenoble et le Centre de recherche des très basses températures (CRTBT) où il entre- prend des travaux sur la mise au point d’un appareil destiné à la mesure de la conductivité thermique dans le domaine de température associé à l’évaporation de l’hélium 4 et 3, aux fins d’étudier les zones de ségrégation dans les alliages, du type Guinier-Preston . Parallèlement il enseigne la physique en premier cycle et en licence de physique de la faculté des sciences puis de l’université scientifique et médicale de Grenoble, qui ne s’appelait pas encore Joseph-Fourier .
Au début de l’année 1971, il effectue son service national dans le cadre de la coopé- ration scientifique et technique au Centro Atomico de Bariloche en Argentine . Mais le Centre de recherches des très basses températures, auquel il était affecté, s’est trouvé privé d’hélium liquide pendant la plus grande partie de son séjour, ce qui a considé- rablement limité son activité expérimentale .
À son retour, il poursuit son enseignement en premier cycle (y compris en premier cycle médical) et participe pendant plusieurs années à la préparation des candidats à l’agrégation de physique . Au CRTBT, il réoriente ses recherches vers l’étude des résistances de contact aux températures de l’hélium liquide, sous la direction de J . David N . Cheeke, professeur à Sherbrooke (Canada) . Dans ce contexte, il développe un modèle semi-théorique de la résistance de Kapitza (solide – hélium 4 superfluide) .
S’ensuivirent plusieurs publications sur ce thème entre 1975 et 1979 . Ce sujet le conduira à soutenir une thèse de doctorat d’État en 1979 .
À cette époque l’université redécouvrait les formations professionnalisantes avec les maîtrises de sciences et techniques (MST) . Henry Ettinger décide ainsi de se reconver- tir au domaine de l’électronique et s’engage aux côtés de Michel Soutif dans l’aventure de la MST « électronique, électronique et automatique » (EEA) . Il y enseigne la physique générale, le traitement de signal, le calcul des probabilités, l’électronique, la microinformatique, les microprocesseurs . En outre, il y exerce les fonctions de directeur des études, ce qui l’amène à s’impliquer dans toutes les évolutions de cette formation . C’est ainsi qu’il prend une part active dans sa transformation en formation d’ingénieurs, habilitée par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) en 1985 .
Dans cette mouvance, il rejoint le Laboratoire d’instrumentation, de microin- formatique et d’électronique (LIME), dès sa création en 1984 . Il y développe des recherches sur un moteur à hystérésis mais surtout sur des sujets en liaison avec la santé, comme la mise au point d’un fauteuil mobile automatisé, corrélé à une animation visuelle ou le traitement et l’interprétation des signaux médicaux . C’est le cas avec les signaux de pression artérielle pulmonaire, mesurés dans un cathéter de Swan-Ganz, et les mesures associées à la perméabilité des alvéoles . Il participe à de nombreuses communications sur cette thématique entre 1988 et 2000 .
Depuis son implication dans la MST EEA, sa participation aux activités que l’on appelle, probablement à tort, administratives, a été en s’intensifiant . Ainsi, lorsque les MST se sont transformées en formations d’ingénieurs et regroupées au sein de l’Institut des sciences et techniques de Grenoble (ISTG), il s’est fortement investi dans les mécanismes et les procédures de recrutement des élèves et cet investissement n’a fait que s’amplifier jusqu’à la fin de sa carrière . En effet, à partir du début des années 2000, il prend la responsabilité de l’admission des élèves pour les quatre écoles d’ingénieurs du réseau Eiffel (CUST à Clermont-Ferrand, EUDIL à Lille, ISIM à Montpellier et ISTG à Grenoble) puis, dès 2005, de l’ensemble des écoles du réseau Polytech, au sein duquel son expertise était largement reconnue .
Parallèlement, depuis 1995, il avait accepté la lourde tâche de la répartition des services d’enseignement de l’École, non seulement pour les enseignants permanents mais aussi pour quelques 300 vacataires extérieurs, le tout représentant un total de plus de 30 000 heures annuelles de formation .
L’exercice de ces responsabilités l’a conduit à occuper les fonctions de directeur adjoint de l’ISTG, puis de Polytech Grenoble de 1998 à 2009, à la grande satisfaction de deux directeurs successifs .
Très vite, il s’est imposé au sein du réseau Polytech comme une personnalité tout autant reconnue pour ses compétences et son engagement, qu’appréciée pour le lien particulier qu’il savait tisser avec chacun de ses interlocuteurs . Une certaine forme d’originalité qu’il aimait à cultiver a également contribué à établir sa notoriété .
Les participants aux assises annuelles du réseau Polytech se souviennent encore de ses baignades vespérales, au tout début du printemps, à Balaruc-les-Bains dans l’étang de Thau ou à Palavas-les-Flots dans la Méditerranée .
Arborant l’hiver une tenue que d’autres trouveraient adaptée à l’été et chaussé en toutes circonstances de sandales ou de « Crocs », il avait fait sensation lors des assises Polytech d’Aix-les-Bains, quelques mois avant sa retraite, en y apparaissant en costume strict...
Lors de la petite cérémonie qui s’était tenue pour son départ au mois de juin 2009, en marge de la traditionnelle réunion à Grenoble des responsables des admissions des treize écoles du réseau, c’est assez naturellement que ceux-ci avaient tenu à lui remettre, chacun, une paire d’une couleur différente de ces fameuses « Crocs » .
Les personnels de Polytech Grenoble, et plus largement des écoles du réseau Polytech, garderont le souvenir d’un collègue, compétent et rigoureux mais aussi chaleureux et jovial, attentif à chacun et très engagé dans la collectivité à laquelle il appartenait .
Henry Ettinger était maître de conférences hors classe et il avait été élevé au grade de chevalier dans l’ordre des Palmes académiques en 2006 .
Daniel CORDARY,
ancien vice-président de l’université Joseph-Fourier,
ancien directeur de Polytech Grenoble .