DUBOIS (épouse JEANGIRARD) Marguerite - 1897 S
DUBOIS (Marguerite, épouse JEANGIRARD), née à Paris le 16 janvier 1877, décédée à Paris le 2 août 1951. – Promotion de 1897 S.
Gustave Dubois était professeur de mathématiques, et deux de ses filles vont s’orienter dans cette voie : l’aînée Hélène, née en 1868, estimant très insuffisant l’en- seignement reçu dans son enfance, demande à ses parents de suivre, dès sa création (loi Camille-Sée 1880) l’enseignement secondaire des jeunes filles . Elle est reçue à l’ENS de Sèvres en 1888 et à l’agrégation de sciences physiques et naturelles en 1891 . Sa jeune sœur Marguerite née en 1877 à Paris va être à son tour reçue à Sèvres en 1897, puis à l’agrégation de mathématiques en 1900 .
Si la carrière d’Hélène se déroule sans problème (nommée d’abord au lycée du Havre, puis maîtresse-auxiliaire à l’ENS de Sèvres, elle restera ensuite au lycée Victor- Hugo de 1905 à sa retraite en 1928), celle de Marguerite fut un peu plus variée et ses débuts reflètent la complexité du système éducatif de l’époque : ayant obtenu son certificat d’études secondaires au lycée Molière en 1892, puis, dès 1893 le brevet de capacité de l’enseignement primaire, entrée à Sèvres en 1897, elle obtient en 1899 le certificat d’aptitude à l’enseignement des jeunes filles avant de passer l’agrégation en 1900 ; elle est alors « maîtresse-répétitrice de 4e classe » au lycée de jeunes filles du Havre ; nommée professeur de sciences au collège de jeunes filles d’Albi en 1902, elle est mutée en la même qualité à Caen en 1902, et en 1904 « professeur de 6e classe » à Niort ; promue à la 5e classe en 1906, elle est nommée au lycée de jeunes filles de Reims . En 1910 elle se rapproche du berceau familial en obtenant sa nomination à Saint-Germain-en-Laye . Elle est par ailleurs distinguée par le ministre de l’Instruc- tion publique en 1908 pour sa participation aux cours d’adultes .
Dans cette période du début du siècle où le tourisme n’était pas encore chose courante, surtout pour des femmes seules, elle fait plusieurs voyages avec sa sœur, notamment en Suisse, souvent accompagnées de leur mère . En 1909, alors qu’elle était professeur à Reims, elle fut mise en relations, par la famille Letellier (Mme Letellier, née Mosnier-Chapelle, sévrienne également, était une amie fidèle d’Hélène Dubois) avec Albert Jeangirard, qu’elle épousa en 1910 . Marguerite refusa cependant la proposition de ses amis Letellier qui suggéraient au jeune couple de reprendre la pension pour jeunes gens qu’ils avaient à Paris, ne voulant pas se charger de la gestion commerciale d’une telle entreprise . L’amitié avec la famille Letellier se poursuivit longtemps .
Ayant obtenu sa mutation pour Saint-Germain-en-Laye, elle s’y installe avec son époux, alors cadre au ministère de l’Agriculture . Leur fille Henriette naît en 1912 . Albert Jeangirard est mobilisé dès 1914 d’abord dans sa région d’origine, le Doubs, puis la Haute-Alsace ; son régiment est ensuite envoyé en Orient défendre les Serbes (par le port de Salonique) . Les permissions sont assez longues mais rares . Albert meurt sur le front en 1918 sans avoir pu connaître son fils Paul, né quelques mois plus tôt . Hélène décide alors de venir vivre avec sa sœur pour l’aider à élever ses deux jeunes enfants . Marguerite, qui était professeur de 3e classe au collège de jeunes filles de Saint-Germain-en-Laye, est nommée en 1916 professeur du cadre des lycées de Paris et détachée au lycée Condorcet . En 1917 elle obtient sa mutation pour le lycée Molière, où elle terminera sa carrière . Elle est nommée officier d’académie en 1912 et officier de l’Instruction publique en 1919 .
Très prise par ses occupations professionnelles et l’éducation de ses enfants, Marguerite réunit pourtant, régulièrement, à Paris famille et amies, parmi lesquelles plusieurs camarades de Sèvres, et s’investit également dans diverses activités cultu- relles ; elle est membre de la Société astronomique de France depuis 1925 . Tous les étés, elle quitte l’appartement parisien avec sa fille et son fils pour de grandes vacances, d’abord en bord de mer, de 1920 à 1930 (Saint-Briac, La Brée, Tréboul, Vauville, Querqueville, les îles anglo-normandes...), puis en montagne (Meyrueis, Saint- Agrève, Monestier-de-Clermont) et les emmènera aussi tout un été en Angleterre et en Écosse .
Elle prend sa retraite en 1935 et en profite pour développer de nombreuses activi- tés culturelles, participant à plusieurs congrès internationaux organisés dans différents pays, notamment ceux des femmes diplômées des universités . Elle voyage ainsi en Angleterre, en Autriche, en Italie . . . Toujours à l’affût d’idées nouvelles, elle est égale- ment une fervente adepte de l’esperanto : membre du comité de la société française d’esperanto dès 1907, elle passera plusieurs diplômes successifs jusqu’au certificat de capacité pour enseigner l’esperanto en 1937 .
Son fils Paul, après avoir été reçu au concours Ulm sciences 1938, sera prisonnier cinq ans en Prusse orientale . Pendant ces années Marguerite aura à cœur d’aller aider sa fille Henriette (1933 S), professeur débutante, à Nantes puis à Dinan, d’où elle expédiera des colis en Allemagne à son fils . Ayant eu la douleur de perdre sa sœur Hélène en 1944, elle a la joie du retour de Paul en 1945 et de son mariage en 1947 ; elle verra naître sa première petite-fille en 1949 . Marguerite Dubois Jeangirard est décédée en 1951 à Paris .
Paul JEANGIRARD (1938 s)