GLEYZE Fernande (veuve GOUBE)

GLEYZE veuve GOUBE (Marie, France, Fernande), née le 13 février 1916 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), décédée le 29 janvier 2018 à Aix-en- Provence. – Promotion de 1935 L.


Cent deux ans d’une vie... C’est une gageure que d’évo- quer pour une publication écrite un être cher disparu. Les souvenirs ne sont-ils pas à la fois certitudes et incertitudes ? Mais lorsque enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants convoquent, chacun à sa manière, ce qu’ils ont vécu, ressenti, éprouvé auprès de leur maman, leur belle-maman, leur grand- mère, leur arrière-grand-mère, ce qu’elle leur a conté, raconté, l’instant devient magique : les anecdotes fusent et l’être cher s’invite, bien vivant, dans le cercle familial.

C’est à ce moment magique que vous convie la famille d’Henri et Fernande Goube, et tant d’entre nous ont connu Henri Goube comme LE maître irremplaçable, en préparant l’entrée à Ulm, ou l’agrégation à Sèvres, que la communauté normalienne accueillera tout entière ce témoignage unique, émouvant et exemplaire, sur l’épouse de notre Maître.

– Alors, maman, tu prends la plume avec nous ?
– Vous savez que je n’aime pas les honneurs, je ne veux pas être mise en avant, 
surtout publiquement . Qu’est-ce qu’il y a tant à raconter sur moi qui mérite des pages ? C’était surtout votre père qui était connu et apprécié comme professeur et grand spécialiste d’Homère .

– Cent deux ans de vie, Maman, d’une vie bien remplie, fidèle jusqu’au bout à des convictions et des engagements aussi discrets que profonds !

– Raconte au moins l’histoire de ta rencontre et de ton mariage avec papa...
Vous faisiez, chacun de son côté, vos études à l’École normale supérieure de lettres et prépariez tous deux l’agrégation, toi à Sèvres, papa à Ulm, dans deux circuits paral- lèles . C’était l’été 1936 . Vous voilà inscrits dans un groupe d’étudiants en partance pour une croisière au pays des dieux, la croisière Budé sur le
Théophile-Gautier, la même croisière ! Tu avais trouvé cet étudiant gentil et humain, une anecdote t’avait émue . Il avait donné à cirer ses souliers qui n’en avaient nul besoin – des nu-pieds – à

un petit cireur des rues, moyen délicat de lui donner la pièce sans le froisser . Chacun est retourné à ses études, a préparé l’agrégation de son côté – ce n’était pas le même concours à l’époque – et l’a réussie . Hélas, la guerre est arrivée avec son lot de séparations : lui, officier après son passage à Saint-Maixent, mobilisé dans son Nord natal et toi en zone libre pour commencer ta carrière d’enseignante . Mais « Éros le charmant, l’irrésistible, l’imprévisible, t’avait frappée au cœur », comme tu le disais malicieusement . À 97 ans, au mariage de ton petit-fils Florent avec Anne, tu

contais avec humour la suite de l’histoire :

« Mon mariage fut si exactement le contraire du vôtre qu’il en devient presque comique . Notre mariée d’aujourd’hui est bien jolie dans sa belle robe blanche . Moi, je n’avais de blanc que le petit col de ma robe marine du dimanche . Nous sommes ici plus de cent, nous étions huit, dont deux invités, ma famille réduite à cinq personnes, et celle du marié à néant : ses parents n’avaient même pas pu quitter Roubaix ; quant au marié, il se trouvait à deux mille kilomètres, dans son camp de prisonniers en Allemagne orientale . C’était un mariage de guerre, un mariage par procuration . À la mairie, j’avais à ma droite un fauteuil vite tandis que l’on me donnait lecture d’un document attestant que cinq mois plus tôt le lieutenant Henri Goube avait répondu OUI à la question posée par l’officier le plus haut gradé du camp (Oflag IV-D) d’Hoyerswerda, faisant légalement office de maire . Ainsi la célébration de notre mariage, commencée un jour d’octobre au fin fond de l’Allemagne, allait enfin pouvoir se terminer fin mars l’année suivante . À l’église, pas de fauteuil vide à côté de moi, mais l’un de mes beaux-frères qui, représentant le mari, me passa au doigt les deux alliances . À la maison, les invités mirent le couvert tandis que ma mère, dans sa cuisine, mettait une dernière main au bon petit repas qu’elle nous avait préparé .

« Drôle de mariage, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas tout !
« Vous supposez, naturellement, que la guerre était malheureusement venue inter- rompre nos fiançailles et peut-être déjà les préparatifs de mariage ? Pas du tout ! Lorsque, un an plus tard, la Libération me rendit mon mari, il y avait six ans que nous ne nous étions vus : nous nous étions quittés bons amis, sans plus ; nous ne pouvions plus nous voir mais pouvions encore écrire, et c’est ainsi que tout 
ce qui est arrivé par la suite n’a pu se faire que par lettres ... mais quelles lettres ! celles que les Allemands octroyaient à leurs prisonniers, une petite feuille grise de 25 lignes au maximum, dépourvue d’enveloppe et soumise automatiquement à la censure . Ce n’étaient pas là évidemment les conditions idéales pour apprendre à mieux se connaître avant de songer à se lier pour la vie . Les personnes sensées pensaient avec raison qu’il était fort imprudent de conclure un tel mariage . Mais cette pensée ne nous a pas effleurés : nous nous étions fait confiance spontanément et totalement, persuadés, je ne sais comment, que nous étions faits l’un pour l’autre, ignorant superbement les risques qu’un tel pari pouvait nous faire courir . Je n’ose- rais conseiller à personne d’agir comme nous l’avons fait, et pourtant, ce pari, nous l’avons gagné ! Cette entière confiance, accordée apparemment un peu à la légère, a duré presque cinquante ans, sans une ride, jusqu’à ce que la mort nous sépare ! »

Jean Guitton (1920 l) était l’un des compagnons de captivité de papa . Il témoigne avec brio de cette aventure peu commune qu’il a vécue auprès du nouveau marié en Silésie . « La quatrième année de notre captivité, un de mes compagnons se maria . C’était le lundi de Pâques de l’an 1944 . Il était fiancé depuis 1940 . Il eut l’intuition que le mariage était une grâce qui lui permettrait de supporter, sublimer divinement, l’absence, pour elle et pour lui, en la changeant en une présence par la vertu du sacrement . Ce fut un singulier mariage . Dans une pauvre baraque et sans aucune présence féminine quelconque . On avait mis du côté de l’époux un siège symbolique . Au repas, presque inexistant, qui suivit, j’étais à droite de cette même place vide de l’épouse . Ce n’était pas douloureux, mais grave : une présence nous accompagnait . Et jamais je n’avais mieux compris que l’essence du mariage est dans le consente- ment . » (Journal, Études et rencontres, Paris, Plon, 1952-1955, p . 173) .

C’était en fait un roc, spirituel et humaniste, mâtiné de foi et de culture classique, sur lequel papa et toi avez construit votre vie . Des choix de vie simples, à votre image, à la tête d’une tribu de sept enfants, et toujours soucieux et respectueux des autres, qu’ils soient universitaires, étudiants du « professeur Henri Goube1 », gens modestes du voisi- nage ou de ce tout petit village d’Ardèche, Loubaresse2, où nous passions toutes nos vacances d’été . Les images de notre jeunesse reviennent pêle-mêle à notre mémoire d’adultes . Elles illustreront, mieux que tout discours, votre vie à deux jusqu’au décès de papa en 19933, puis ce long chemin que tu as parcouru seule, jusqu’en 2018 .

Comment ne pas évoquer la grande maison d’Orsay (Seine-et-Oise, puis Essonne) où nous vivions ? Elle était dominée par un ancien atelier de peintre où papa avait installé son bureau : rempli de livres et de copies à corriger, un endroit idéal pour jouer à cache-cache . C’était avant l’heure une vraie maison de quartier ! Tous les copains et copines des sept enfants s’égayaient à tous les étages, les uns reproduisaient à s’y méprendre le Tour de France cycliste avec des petits coureurs aux maillots scru- puleusement peints à la main aux couleurs des équipes – nationales – de l’époque, les autres se passionnaient pour des parties de foot aux buts improvisés entre deux pieds de table ; les autres mimaient la vie des adultes aux champs, à l’école, en voiture, aux enterrements, ou à l’église... jusqu’à s’octroyer le pouvoir de faire des miracles ! Ta planche à repasser – t’en doutas-tu jamais ? – transportait « pour de vrai » des para- lysés imaginaires jusqu’à Lourdes, et ils repartaient toujours guéris, prenant leurs jambes à leur cou ! Puis Noël arrivait, tout ce petit monde monopolisait la maison pour faire un spectacle avec scène, rideaux et même rampe d’éclairage tant qu’à faire... au risque de faire sauter les plombs ! Tout le voisinage y était joyeusement convié, nous avions carte blanche .

Au milieu de toute cette agitation d’enfants, tu trouvais avec philosophie refuge dans les livres et la réflexion : une parenthèse intellectuelle sûrement vivifiante pour faire face, avec pragmatisme, au quotidien d’une mère de famille nombreuse . Sans bruit tu participais pourtant activement à la réussite de nos projets festifs : combien de chansons de ta création avons-nous chantées à minuit tapante sous les fenêtres des Loubaressiens, pour souhaiter à chacun une bonne année – vœux personnalisés s’il vous plaît ! Combien de fêtes as-tu illuminées des traditions qui t’étaient chères : chaque année à Noël la pastorale des santons de Provence prenait vie dans la crèche, les treize desserts avec nougat blanc et noir étaient incontournables . Les Rameaux et Pâques venus, c’était au réveil le brin de buis au-dessus du lait avec des poissons en chocolat, puis les œufs, décorés un à un à la main par tes soins, cachés aux quatre coins du jardin ! Autant de traditions transmises qui ont fait rêver enfants, petits-enfants, et font encore rêver les arrière-petits-enfants...

Entre les piles de copies de ses khâgneux, la préparation de ses cours de haut vol à la Sorbonne, papa contribuait, toujours de bonne humeur, au bon fonctionnement de ce quotidien plein de vie, usant tour à tour de son autorité paternelle implacable ou de sa bienveillance pour dénouer les situations conflictuelles passagères . Il y avait aussi ces ̋sans-abri ̋ qui sonnaient régulièrement à notre porte grelottant de froid : tu t’inquiétais pour eux, leur donnais à manger, leur apportais des couvertures, leur parlais, les soignais même . Il y avait encore toutes ces personnes proches ou non, âgées, en difficulté ou isolées ; tu leur rendais régulièrement visite pour rompre leur solitude, les écouter, les réconforter, toujours avec le mot juste, bienveillant, comme cela nous a souvent été rapporté . Enfin, l’été venu, les jurys de Capès ou d’agrégation terminés pour papa, c’étaient les vacances à Loubaresse : pour nous la liberté à l’état pur, sur un terrain de jeux sans limites . Pour toi, c’était le plaisir renouvelé chaque année de te ressourcer avec papa aux origines humbles et rudes de tes ancêtres pater- nels, « les Gleyze » ! Tu étais fière de ces montagnards qui peinaient tant, disais-tu, pour arracher leur subsistance à une terre ingrate mais gardaient, malgré la misère, une beauté digne . Vous aimiez randonner tous les deux de longues heures sur des sentiers à peine tracés entre bruyères et genêts .

Il y eut, bien sûr, comme dans toutes les familles, des hauts et des bas, et surtout des coups durs, très durs : les disparitions si brutales, si prématurées, de notre sœur Isabelle à 25 ans et de deux de tes petits-enfants dans leur plus jeune âge ; la dispari- tion de papa aussi . Tu as su à chaque fois devant l’indicible répondre avec une dignité serine et apaisante pour ton entourage . Aussi, ta fidélité de cinquante ans à celui que tu as épousé si singulièrement est restée intacte, tu l’as soutenu avec courage jusqu’à la fin, malgré le grand âge venu pour toi aussi et la douleur des mots qu’il ne pouvait plus prononcer et partager comme avant . Tout cela te paraissait évident, normal et te conférait une autorité morale certaine, aussi discrète que ferme, parfois même impé- rieuse voire explosive quand s’affirmaient les besoins d’indépendance de ta nichée .

Ce chemin si long, tu l’as commencé en pleine guerre, déjà... en 1916, ce qui te valut trois prénoms : Marie, comme la mère de ton père ; France, pour la fierté patriotique de celui-ci, et Fernande, en souvenir d’un oncle déjà mort au front . Ton père, alors capitaine dans les tranchées de Verdun, pourrait ainsi choisir à son retour . En attendant on t’appela Mimi, surnom devenu le prénom usuel des intimes... sauf de ton père qui choisit Fernande ! Ta vie commença en Provence et vous y êtes vite retournés dès la retraite de papa en 1978 : le soleil et les couleurs du Midi te manquaient tant à Paris .

Tu nous contais souvent les souvenirs colorés de cette jeunesse passée auprès de ta mère et de tes sœurs à l’école normale de garçons d’Aix-en-Provence . Ton père la dirigeait, ta mère enseignait les mathématiques à l’école normale de filles . Elle était originaire des quartiers pauvres de Marseille et tous deux, par leur réussite scolaire, avaient sorti leur famille de la misère . Tu étais bonne élève : ce fut à 17 ans le grand départ pour la capitale, l’internat à La Bruyère pour préparer le concours de Sèvres : période studieuse couronnée par l’agrégation de lettres classiques en 1938 . Agrégation en poche, te voici enseignante au lycée de jeunes filles d’Orange, puis à Montauban en zone libre : d’anciennes élèves qui t’avaient appréciée continuaient à t’écrire à un âge avancé . Une carrière professionnelle rapidement mise de côté après le retour de captivité de « ton prisonnier » enfin... en mai 1945 (il devint à la rentrée caïman à l’École, et passa à Louis-le-Grand en 1951), au profit d’une « carrière » bien remplie d’épouse et de mère de famille . Tu n’as jamais repris de poste, privilégiant la vie familiale et les actions de proximité d’« humanité sociale » .

Plus tard, tu te régaleras dans ton rôle de grand-mère, puis d’arrière-grand-mère . Adultes, ils parlent aujourd’hui de leur gran-gran, chapeau de paille sur la tête, paisi- blement installée au soleil sur la terrasse de sa petite maison aixoise, entourée d’un grand jardin mi-sauvage aux mille recoins secrets . Tu seras toujours pour eux :

Une grand-mère joueuse, quand à la dînette dans la cabane du jardin, on faisait à manger « pour de faux », toi tu mangeais les fleurs « pour de vrai » !

–  Une grand-mère farceuse, quand prenant ta canne tu ébouriffais tes cheveux, enlevant ton dentier pour faire la sorcière...

–  Une grand-mère imbattable au scrabble, aux chiffres et aux lettres, aux questions pour un champion : impossible de rivaliser !

–  Une grand-mère cultivée, amie des mots, indispensable quand il fallait construire des plans de dissertation de français ou de philo, qui contait avec verve les souve- nirs de famille .

–  Une grand-mère attentionnée qui n’oubliait jamais un anniversaire, le calendrier de l’Avent, le fromage préféré de l’un, le miel de lavande ou les yaourts de l’autre, et tentait de suivre au mieux le chemin de chacun .

–  Une grand-mère sensible qui appréciait les petites choses de la vie, laissait volon- tiers trotter son imagination devant la coquetterie d’une fleur, un arbre mort, un écureuil gourmand, une maison vieillotte aux volets clos : elles gardent en silence le souvenir des vies passées, disais-tu . Araignées, lézards verts et même petits scor- pions prenaient allègrement refuge dans cet univers plein de poésie au grand dam des plus craintifs d’entre nous .

–  II n’aura manqué que quatorze jours pour qu’elle accomplisse cent deux ans . Ce grand âge est moins rare aujourd’hui qu’hier, mais ce qui l’est davantage, c’est l’étonnante santé et clarté d’esprit qu’elle a gardées jusqu’à ses tout derniers instants . Sa vue déclinante ne lui permettait plus d’écrire au fil de sa pensée, et c’est entièrement de tête que, centenaire, elle composait des textes à notre intention, récits humoristiques ou fables qu’elle savait par cœur . Elle s’arrangeait ensuite pour les transcrire, de façon suffisamment lisible malgré quelques chevau- chements de mots ou de lignes, afin qu’on puisse les dactylographier... cela faisait parfois cinq pages !

Centenaire, elle récitait quasi impeccablement n’importe laquelle des 23 fables de La Fontaine qu’elle avait apprises sur le tard pour se divertir autant que pour entretenir sa mémoire . Elle ne pouvait plus lire que deux mots, voire trois, à la fois, démesurément grossis par sa loupe électronique branchée sur l’écran de la télévision ! Mais sa diction n’avait pas vieilli le moins du monde et quand elle trébuchait sur un mot, elle le remplaçait instinctivement par un autre, évidemment un synonyme comportant le même nombre de pieds .

Espiègle et l’esprit critique en alerte, elle aimait, avec la complicité de l’une ou de l’autre, s’amuser, intriguer aussi : dans le cas des Deux pigeons de La Fontaine qui « s’aimaient d’amour tendre », était-ce de l’amour ou de l’amitié ? Il fallait omnibus rebus confectis mener l’enquête... jusqu’à parfois des fous rires mémorables !

Elle pouvait aussi, quand on était curieux d’en mieux connaître la nature, parler avec lucidité et profondeur de la foi chrétienne qu’elle avait partagée avec papa. Ses interrogations se faisaient plus pressantes à l’approche de l’inévitable échéance . Sa foi était discrète mais bien présente dans leur façon d’être au quotidien, elle s’attachait plus à une vie tournée vers le partage qui la sous-tend qu’aux textes ou rites religieux vécus comme une construction humaine vouée à évoluer avec la connaissance . Elle admettait parfaitement l’athéisme, qu’elle pensait même plus compréhensible que la foi, mais attendait, en retour, que l’on comprenne que face à l’insondable mystère de la vie, sa foi n’était en rien moins fondée ou plus crédule . Elle disait se représenter sa fin de vie comme un chemin montant vers une sorte de col où un passage plus difficile était à franchir avant de déboucher – peut-être ou peut-être pas – sur un magnifique paysage . Quelque dix ans auparavant, elle avait écrit un joli texte à notre intention, véritable testament spirituel, dans lequel elle nous disait : « Mes enfants, ne soyez pas tristes, je vais retrouver celui que j’ai rencontré à 15 ans . »

Au soir du 28 janvier 2018, nous étions deux auprès d’elle dans sa petite maison aux alentours d’Aix et elle nous a dit : « Mes enfants, je vous préviens, c’est la fin . » Sans doute ses forces déclinaient-elles, mais la journée avait été plutôt bonne et la voix était ferme comme d’habitude ; nous ne l’avons pas prise au sérieux . Le lende- main matin, au réveil, nous l’avons trouvée au bord du lit, très droite, comme faisant face, comme si elle savait que le moment était venu et tenait à être à la hauteur . Moins d’une heure après, le pas était franchi !

Anne GAYRAUD née GOUBE, et les plumes familiales associées

Notes

  1. 1 .  Henri Goube enseignait simultanément, dans les années 1960, aux khâgneux de Louis- le-Grand pour le grec et le latin (version et thèmes), boulevard Jourdan pour le thème grec des agrégations de lettres et de grammaire, et en Sorbonne, dans des amphithéâtres bondés, pour le redoutable certificat de grammaire et philologie exigé à la licence ès-lettres, ainsi qu’au collège Sévigné pour préparer les agrégations classiques .

  2. 2 .  Ne pas confondre avec le village cantalien, voisin du viaduc de Garabit . Perché sur un rocher basaltique sur les contreforts des Cévennes, à 1200 mètres d’altitude, ce village est administré par Julien Goube, l’un des signataires de cette notice .

  3. 3 .  Se reporter à la notice signée de son camarade Robert Ricatte dans l’Annuaire 1994, p . 478-480 .